De toutes les libertés qui existent, la plus précieuse de toute est certainement la liberté de pensée. Avec elle, on est libre même en prison ; sans elle, on est prisonnier partout.
Etre libre de ses pensées, être libre dans sa tête, ce n'est pas "jouer du piano debout", ni aucun comportement extérieur, observable. Etre libre dans sa tête, c'est vraiment être libre dans la tête : autrement dit ça ne se voit pas du dehors.
Mais du dedans, quelle différence...
Pour le prisonnier évadé de pensées obsessionnelles et confuses, quelle paix !
Lorsqu'on n'est pas libre dans sa tête, le moindre choix est un casse-tête chinois, un cauchemar. Entre le kingfish et le big bacon, on peut balancer pendant des heures : l'indécision est le fond confus où se dessine les silhouettes approximatives de nos choix jamais satisfaisants.
Lorsqu'on n'est pas libre dans sa tête, les priorités sont toujours embrouillées, et les "oui mais" succèdent les uns aux autres en vaguelettes inépuisables. Le moindre acte se complique, la moindre décision s'alourdit de réticences informulées, d'objections embryonnaires, non-identifiées.
La liberté de pensée met de l'ordre dans tout ça, un ordre vertical : il y a le haut, et il y a le bas - il y a le vrai, et il y a le faux - il y a le bien, et il y a le mal.
Ces repères sont tout aussi importants pour savoir où l'on est, d'où l'on vient, et où l'on veut aller, que la différence entre droite et gauche, est et ouest, nord et sud.
Comment savoir ce que l'on croit et ce que l'on veut, tant qu'on ignore la différence entre le bien et le mal, ou tant que l'on n'en a qu'une perception confuse ou erronée ?... tant qu'on n'arrive pas à faire la différence entre la vérité et l'erreur, le juste milieu et le rigorisme borné ?... Aussi longtemps que les repères essentiels divaguent, accrochés au bec changeant de la girouette, à la feuille morte virvoltant dans le vent, on navigue, ou plutôt on erre, avec une boussole folle. Et les priorités varient d'une seconde à l'autre, caméléons insaisissables se fondant dans leur environnement, quel qu'il soit.
Un jour on croit ceci, le lendemain cela - un jour on accorde une importance démesurée à une broutille, et le lendemain à une autre. Dans le fatras mental qui nous encombre, bric-à-bac où s'accumule comme dans le dépôt d'un antiquaire les rebuts du passé, impossible de retrouver quoi que ce soit.
Telle la vérité dans le blabla sérieux d'un politicien, l'essentiel est invisible, caché sous la volumineuse écume des préoccupations contingentes.
Etre harcelé par une multitude de pensées contradictoires, ce n'est pas la liberté mentale, c'est la confusion, voire l'aliénation, mentale. Sans ordre, sans distinction, sans limites claires et distinctes, il n'y a pas de liberté de pensée.
22 août 2006
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2 commentaires:
"Libre dans sa tête" quelle merveilleuse chose, existe t elle vraiment lorsqu'on érodés par un passé omniprésent?
Ne faut il pas dépasser les contraintes, les souffrances, passer par les deuils, en faire un étendard pour surmonter ses peurs? Sourire à nouveau au futur qui s'annonce.
Bonne chance Lucia
Un ange passe et vous insuffle le bonheur...guidée par Eipho...Une vraie histoire d'amitié
Aimez vous C Jung?
Doux sourires à vous.
Claude Chatron-Colliet
Bonjour Claude,
dépasser les souffrances, passer par les deuils... c'est vrai qu'entre deux rives il y a souvent une zone de danger et de souffrance à franchir. Mais la souffrance n'apporte quelque chose que lorsqu'elle est le détonateur d'un changement, le déclencheur d'une volonté de chercher.
Je n'ai pas lu C. Jung, dont la philosophie est à première vue bien plus sympathique que celle de Freud... son point de vue rejoint un peu celui de l'ésotérisme, je crois.
J'ai beaucoup d'intérêt (critique) pour ce sujet...
Merci pour votre commentaire.
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