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LA LETTRE BLEUE
(Chaque matin, une citation commentée par Lucia Canovi)


 

08 juillet 2006

"Le pouvoir du moment présent" : un livre dangereux pour la tête

"Le pouvoir du moment présent" d'Eckhart Tolle est un livre très bien fait, très clair, très convainquant, bref très intelligent. Son style est limpide et percutant. Lorsque je l'ai lu pour la première fois, je l'ai adoré. La seconde fois, je l'ai annoté de commentaires enthousiastes bourrés de points d'exclamation.
Depuis j'ai changé de point de vue.

"Le pouvoir du moment présent" est typiquement le genre de livre qui travaille à rendre ses lecteurs idiots.

Malgré les apparences, ce n'est pas un paradoxe. Un livre mal fait ne réussira jamais à séduire son lecteur, ni à le convaincre de le suivre. Ce sont les livres subtils et intelligents qui fascinent, séduisent, entraînent. La question importante qu'il faudrait toujours se poser est : qui entraîne où ?...

En l'occurence, peut-être pas vers l'illumination promise.

La thèse d'Eckhart Tolle est celle-ci :
- Nous souffrons à cause de nos cogitations mentales.
- Le secret du bonheur est en nous. Nous recélons un trésor de paix et de quiétude en nous-mêmes. Pour le découvrir, il suffit de faire taire notre mental.
- Et comment faire taire notre mental ?... En gommant passé et futur, en lâchant prise, en habitant complètement l'instant présent.

"Le pouvoir du moment présent" s'ouvre sur une petite fable. Un vieux clochard assis sur une caisse tend sa casquette au passant, en lui demandant une pièce. Le passant lui dit : "je n'ai rien à vous donner... mais c'est quoi, cette caisse?" Le clochard répond : "Je ne sais pas... elle a toujours été là." Le passant insiste pour qu'il l'ouvre, et le clochard découvre avec stupeur qu'elle contient un trésor. Il était riche sans le savoir.
Cette histoire symbolise à merveille la grande idée d'Eckhart Tolle - qui n'est d'ailleurs pas que la sienne : la plupart des maitres spirituels ont la même, mais lui l'explique particulièrement bien. Nous serions pareil à ce mendiant qui n'a jamais ouvert la caisse, faute d'avoir reconnu que le trésor était là depuis toujours, sous ses fesses. Et Eckhart Tolle est le passant qui attire notre attention dessus.

Nous souffrons, dit Tolle, à cause de nos cogitations. Effectivement, lorsqu'on se sent mal, c'est souvent parce que l'on est harcelé par des pensées désagréables, des questions, des angoisses... C'est le propre de l'être humain de se poser des questions. Et lorsqu'il n'en trouve pas la réponse, il souffre de ses points d'interrogations comme si c'était des hameçons plantés dans son crâne.

Face à ce problème, Eckhart Tolle propose une solution simple et radicale : la lobotomie. Ne pensez plus et vous serez heureux. Celui qui devient bête se libère de la douleur d'être un homme. Faites comme les oiseaux et les chiens, qui ne savent pas quel jour on est, et pour qui c'est toujours "aujourd'hui". Ne vous souciez plus d'hier ni de demain, respirez, existez, point.

En jettant votre cerveau à la poubelle, vous allez gagner en échange la paix, la sérénité, la quiétude, bref : l'illumination. Comme Eckhart Tolle lui-même, qui était extrêmement angoissé et dépressif et qui s'est réveillé un beau matin heu-reux. Ce jour-là, le moindre cafard lui semblait magnifique. C'était la joie, c'était la paix... alors forcément, c'est tentant. S'il suffit d'arrêter de penser pour trouver une telle quiétude, pourquoi pas ?...

Le livre d'Eckhart Tolle met l'accent sur le moment présent, mais ce qu'il propose, c'est beaucoup plus qu'un "carpe diem" à tendance zen. Ce qu'il propose, ce qu'il conseille, c'est de devenir trisomique. Les trisomiques ne se soucient ni du passé, ni du futur, et ne se prennent pas le choux sur les questions existentielles. Faites vous enlever la moitié du cerveau, et vous trouverez l'illumination. Le prix à payer pour ouvrir la caisse au trésor ?... Renoncer à sa tête, tout simplement.

Et si (c'est juste une hypothèse) il n'y avait pas de trésor dans cette caisse ?... D'ailleurs, est-il bien vraisemblable que le mendiant n'ait jamais eu l'idée de l'ouvrir ?... Si c'est le cas, il est déjà complètement abruti, et on se demande bien ce qui retarde encore son illumination...

E. Tolle est un auteur des plus subtil. Il ne dit pas franchement : débarrassez-vous de vos facultés mentales, de vos capacités à élaborer des stratégies et des plans, à programmer, à réfléchir, à tirer un enseignement du passé et à choisir votre avenir, et en échange vous obtiendrez la paix intérieure. Non, il focalise l'attention du lecteur sur "le présent". Apparemment, ce qu'il propose au lecteur, c'est juste de s'ouvrir à la dimension du présent. Du coup, on ne se rend pas compte qu'il s'agit d'un marché de dupe : renoncer à sa raison en échange d'une promesse de bonheur très incertaine, voire complètement illusoire.

Qu'on le veuille ou non, on ne vit que dans le présent. Hier n'existe plus, demain pas encore. Et les problèmes ne se résolvent ni hier, ni demain : il n'y a qu'au présent qu'on peut agir. Si E. Tolle se contentait de rappeler cette évidence pleine de bon sens, il ne dirait rien que de très sage. Mais il dit autre chose...

Votre ordinateur a des problèmes parce que vous n'avez pas installé le bon programme. Du coup, il plante sans arrêt. La solution d'E. Tolle ? Jettez l'ordinateur par la fenêtre et non seulement vous n'aurez plus jamais aucun problème d'informatique, mais vous découvrirez l'infini, le divin et vous vivrez éternellement jeune. Je caricature à peine.

Et dans la réalité, qu'est-ce qui se passe lorsqu'on jette son ordinateur par la fenêtre ?... On dépense tout son argent dans un cyber-café, dont on devient complètement dépendant. S'il est fermé, on est coincé. S'il augmente ses tarifs, on n'a pas le choix : on doit payer.

L'intelligence, la rationnalité, la logique, sont les outils de l'être humain : sa pioche, sa bêche, sa boussole, ses chaussures de marche. Peut-être que le caisse sur laquelle le mendiant est assis ne contient pas de trésor, finalement. Peut-être qu'on n'y trouve que le kit complet du chasseur de trésor - mais n'est-ce pas déjà très précieux ?

Le conseil d'Eckhart Tolle : "Jette ta pioche, débarrasse toi de ta bêche, brise ta boussole, donne tes chaussures à Emmaüs, et tu trouveras le trésor, qui est déjà en toi." Si l'on suit ce conseil et qu'en réalité le trésor n'est pas en nous, mais bien ailleurs, on se retrouve complètement impuissant et démuni - comme ce mendiant pathétique qui tend sa casquette pour un euro.

On notera qu'Eckhart Tolle lui-même ne met pas ses propres conseils en pratique.
En effet, au lieu de délivrer gratuitement son enseignement, le grand maître spirituel le vend pour le prix de 16.59 € , ce qui est le signe assez probant qu'il n'a pas renoncé à se servir de son mental.

Un petit détail très significatif de ce livre est à noter : Tolle, qui use d'un vocabulaire riche et varié, emploie pourtant le seul mot "mental" pour parler du mental - il n'utilise quasiment aucun synonyme.
Pourquoi ?...
Parce que les synonymes de mental sont : intellect, entendement, pensée, raison, perspicacité, sagacité, lucidité, finesse, bon sens, discernement, pénétration, subtilité, intelligence. Et si le lecteur est prêt à croire que son "mental" est responsable de tous ses maux, il ne serait par contre pas prêt à avaler que c'est sa "perspicacité", son "intelligence" et son "bon sens" qui sont les coupables. Le terme neutre et vague de "mental" permet de disqualifier ce qui n'est en réalité rien de moins que l'intelligence.
Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage ; qui veut étouffer la raison, la rabaptise "mental" et l'accuse d'être à l'origine de toutes les névroses...

L'éditrice du "Pouvoir du moment présent" en a fait une présentation intéressante que voici (mes commentaires sont en italique).

- Eckhart Tolle nous enseigne qu’il est possible de vivre sans souffrance, sans anxiété et sans névrose.
- Oh, oh ! Le secret du bonheur ?! J'écoute attentivement.

- Mais pour atteindre cet état d’éveil nous devons arriver à comprendre que nous sommes nous-mêmes les créateurs de notre propre souffrance.
- Peut-être, mais pas forcément. Lorsque quelqu'un meurt de faim par exemple, le problème est en lui, la solution, c'est à lui de la chercher, mais le "créateur de sa souffrance" ce n'est pas lui mais la sécheresse, ou l'exploitation économique de son pays par le FMI...

- Que notre mental – et non pas les autres et notre monde environnant – est à l’origine de nos problèmes.
- Ah? Je croyais c'était nous, le problème... et finalement c'est "notre mental", c'est-à-dire notre raison. Le glissement n'est pas anodin.

- C’est notre mental, avec son flot presque continu de pensées, qui se soucie du passé et s’inquiète de l’avenir qu’il faut apprendre à maîtriser.
- Si "maîtriser" signifie "faire taire pour de bon", une ablation du cervelet serait la seule solution vraiment efficace.

- Pour entreprendre ce périple vers le pouvoir du moment présent, il nous faut laisser derrière nous notre esprit analytique et le faux moi qu'il a créé, c'est-à-dire l'ego.
- Si c'est notre esprit analytique, c'est-à-dire notre logique, qui a créé notre "faux moi", à ce compte-là notre "faux-moi" est ce qui nous différencie des grands singes.

- Dès le début du premier chapitre, nous nous élevons rapidement vers des hauteurs où nous pourrons respirer un air plus léger propre à la spiritualité. Même si le périple où Eckhart Tolle nous emmène présente des défis, le langage qu'il emploie est simple et le format question-réponse qu'il a choisi constitue un guide rassurant. Les mots ne sont eux-mêmes que des panneaux indicateurs. Si nous réussissons à être totalement dans ici-maintenant et à faire chaque pas dans le moment présent, si nous réussissons aussi à vraiment appréhender les réalités que sont notre corps énergétique, le lâcher-prise, le pardon et le non-manifeste, nous saurons nous ouvrir au pouvoir transformateur de l'instant présent.
- Passage grandiose. Le vocabulaire a été soigneusement choisi pour inspirer des sentiments positifs, de l'espoir et une certaine exaltation : élevons, hauteurs, respirer, air, léger, spiritualité, périple, défi, simple, ouvrir, pouvoir, transformateur...

- « L’être est la vie éternelle et omniprésente. Il existe au-delà de toutes les formes assujetties au cycle de la vie et de la mort. L'être vous est accessible maintenant comme étant votre véritable nature. Mais n’essayez pas de le comprendre avec votre mental. Vous ne pouvez le saisir que lorsque votre mental s'est tu et que vous êtes pleinement et intensément présent. Retrouver la conscience de l'Être et se maintenir dans cet état de réalisation, c'est cela l'illumination.
- En résumé : si vous éteignez votre lampe (si vous renoncez à votre mental, c'est-à-dire à votre esprit, c'est-à-dire à votre raison, c'est-à-dire à votre intelligence), le soleil va se lever (vous atteindrez l'illumination).

J'ai essayé d'appliquer très concrètement le conseil d'Eckhart Tolle. Une expérience scientifique, un test. Il était onze heures du soir. Il faisait nuit. La lampe sur mon bureau était allumée. Je l'ai éteinte.
Résultat de l'expérience : en tâtonnant dans le noir à la recherche de l'interrupteur j'ai trébuché contre une chaise, je suis tombée, ma tête a heurté le coin du bureau et je me suis fait très, très mal.

07 juillet 2006

Conseils bibliographiques pour apprenti-philosophe

Lorsqu'on est attiré par la philosophie, c'est la plupart du temps pour des raisons très valables. Le nom même de la "philosophie" (amour de la sagesse) promet en effet quelque chose d'extrêmement précieux : une compréhension rationnelle de problèmes essentiels, un apaisement intellectuel, de la lumière.

Cependant la philosophie - comme beaucoup d'autres choses - est loin de tenir les promesses affichées par son titre. Et l'on s'aperçoit lorsqu'on la fréquente qu'au lieu de clarifier et débrouiller les questions, elle fait très souvent l'inverse : nouer, embrouiller, obscurcir encore ce qui n'était déjà pas clair du tout...

Beaucoup de livres de philo "poussent" la tête dans un mauvais sens en rendant plus confus, plus déprimé, plus orgueilleux ou plus suicidaire. Je ne donne pas les titres parce qu'il ne suffit pas d'être mis en garde pour être vacciné à la lecture. Les mots ont une puissance, les idées une force : un livre bien écrit, séduisant, "reformate" la tête à son image, même s'il est entièrement faux. Il suffit qu'il ait une apparence de cohérence et qu'il joue intelligemment sur des ressorts intimes.

Les livres de philosophie dont la lecture est réellement bénéfique, c'est-à-dire qui rendent réellement plus intelligent et lucide, sont extrêmement rares. En fait, ces livres "bouge-neurones" ne sont pas, la plupart des temps, des livres de philo au sens strict... et s'inscrivent plutôt dans les marges de la philo officielle. La philosophie orthodoxe, estampillée "valeur sûre" ou "monument incontournable à visiter", est très décevante à l'usage : beaucoup de mots pour peu d'idées, ou beaucoup d'idées vagues et flottantes dont on se demande bien comment elles pourraient atterrir dans la réalité un jour. Elle agite la tête comme on remue de la soupe : en rond ou en huit...

On peut marcher des kilomètres sans jamais avancer, lorsqu'on tourne en rond. Le lempsicate est un symbole d'infini, mais aussi et surtout de mouvement sans progrès.

D'autre part, ou de plus, l'obscurité de beaucoup de philosophes les protège contre toute analyse critique. Incapable de comprendre, le lecteur se remet en cause, mais ne met pas en question la valeur de ce qu'il lit (puisqu'il n'y a rien compris, et pour cause). Cette obscurité est semblable au nuage d'encre par lequel le poulpe dissimule sa fuite : un moyen commode de se rendre insaisissable... c'est-à-dire, incriticable.

Lacan, qui a l'art et la manière d'écrire des choses brillantes et totalement incompréhensibles, est un bon exemple de cette stratégie. Un lecteur de bonne foi, qui lui ne se permettrait jamais d'éblouir avec des paroles énigmatiques et creuses, peut très bien être dupé par cette rhétorique savante, prétentieuse.

Après moult réflexions, et une sélection draconienne (j'ai laissé de côté un grand nombre de livres brillants et intelligents mais qui au final, n'apportent rien de vraiment constructif), voici donc une très courte bibliographie de livres qui, à la différence de l'écrasante majorité des oeuvres philosophiques, font vraiment avancer le schmilbick.

Ces livres sont d'une grande richesse : il y a matière à les lire et relire plusieurs fois en en tirant chaque fois quelque chose de nouveau. Ils n'ont pas été écrits par des philosophes officiels - rien que l'idée d'une "philosophie officielle" est inquiétante... -, mais par des gens qui excellent dans leur domaine, qui ont observé et médité à partir de leur riche expérience, et qui décortiquent des rouages essentiels de la vie, de la société, de l'être humain ou du langage d'une manière précise, rationnelle, et profonde. Dans un océan "philosophique" de blabla insignifiant, de paroles qui égarent, et de mots pour rien, ce sont des perles rares et précieuses.

Les voici :

- Penser pour changer de John C. Maxwell.
- Mots à maux : dictionnaire de la lepénisation des esprits de Pierre Tévanian et Sylvie Tissot.
- Le pouvoir de l'illusion de Jaques H. Piaget.
- La logique sans peine de Lewis Caroll.

"Penser pour changer" est un livre fondamental pour comprendre le rôle déterminant des idées, et l'importance de les renouveler pour agrandir sa vie. Un concentré de sagesse active à lire et relire. Le style est simple, mais le contenu demande beaucoup de réflexion.
Si "mots à maux" trouvent sa place dans cette liste, c'est que malgré le sujet assez pointu qui est traité, la manière vraiment magistrale dont est analysée l'utilisation manipulatrice du langage est un modèle du genre. A lire pour réfléchir clairement sur les discours des médias et réveiller sa logique.
"Le pouvoir de l'illusion" est à la fois un guide utile pour améliorer ses relations sociales, et une réflexion très poussée et très fine sur la psychologie humaine. Livre remarquable à lire et relire.
"La logique sans peine" est un tout autre genre. Le meilleur ouvrage de logique à ma connaissance. L'humour léger de Lewis Caroll le rend attrayant, mais si l'on veut vraiment comprendre de quoi il s'agit, il faut tout de même s'accrocher... Le "sans peine" du titre est assez trompeur. Le potasser développe rigueur et rationalité.

A cette liste, j'ajouterais volontiers un autre livre à la réputation très sulfureuse, répugnante, immorale et effrayante, et dont tout le monde s'imagine qu'il est interdit - en fait, on peut le trouver sur Wikipéda.
Suivant le point de vue un peu parano, mais justifié, selon lequel ce que l'on veut nous dissuader de lire est certainement plus intéressant que les livres pour lesquels on fait de la pub un peu partout, j'ai voulu m'en faire une idée personnelle.

C'est un livre de philosophie politique (très cynique) absolument remarquable, d'une densité incroyable, et dont chaque phrase est, d'un point de vue intellectuel, de l'or. Il vaut bien mille traités philosophiques.
Son style est très simple et très clair, mais il est tout de même difficile d'accès, parce qu'on n'est pas habitué à trouver dans un livre tant d'intelligence et de profondeur : s'y plonger demande vraiment des efforts.
A lire, pour ceux qui n'ont pas peur de sortir des sentiers battus et d'explorer des territoires intellectuels radicalement nouveaux.
Petit indice supplémentaire : il a la réputation d'avoir été écrit dans un but diffamatoire.

06 juillet 2006

L'astrologie

Des heures, des semaines, des mois... des années d'étude, de cours et de lectures pour s'apercevoir au bout du compte, que l'astrologie, ce n'est rien.

En résumé : à la différence des mots, qui en général ont un sens principal (et des sens secondaires qui ne le contredisent pas), un symbole astrologique a un sens et son contraire.
Vénus symbolise l'amour et la haine.
Mercure symbolise l'intelligence et la bêtise.
Les Vierge peuvent être aussi méticuleux que bordélique, etc.

Dans ces conditions, on peut bien sûr "lire" n'importe quoi dans un thème. Comme si on faisait des opérations avec des chiffres dont la valeur change sans arrêt : le 3 peut aussi bien valoir 5 que 1000...

On ne combine pas des éléments simples, mais des éléments tellement complexes qu'ils sont déjà, à la base, contradictoires. Résultat ? Tout en étant persuadé de suivre un raisonnement rationnel, on bâtit ses interprétations sur de l'air. Du vent, du vide.

L'étudiant astrologue emprunte un chemin d'abord ouvert et très riant, mais qui devient avec le temps de plus en plus épineux et difficile. Apprendre l'astrologie, c'est exactement le contraire d'apprendre une langue étrangère : plus on avance, moins on comprend. Et ce qui semblait simple et clair au début, se révèle avec le temps infiniment compliqué - pour ne pas dire fumeux, brumeux, et finalement... creux.

Avec cet horrible inconvénient supplémentaire que l'on se sent ensuite déterminé par des planètes lointaines, des transits inévitables... toute une mécanique implacable suspendue au dessus de nos têtes comme un gros truc lourd prêt à tomber et nous écraser. Déterminisme implacable qui nie (quoiqu'on en dise parfois) toute liberté humaine.

05 juillet 2006

Le pouvoir des idées

On ne s'en rend pas compte, mais ce sont nos idées qui nous modèlent et modèlent nos vies.
Et quand on adopte une idée, c'est comme si faisait entrer chez soi quelqu'un qui, avec le temps, va devenir le maître.
On ne sera que le serviteur...

Alors il vaut mieux les examiner très soigneusement avant de les faire entrer. D'où viennent-elles? Qui nous garantit leur valeur ?...

Les idées et les croyances ne sont qu'une même chose : on pense ce qu'on croit, on croit ce qu'on pense.

Lorsqu'on change à plusieurs reprises de croyance, c'est-à-dire d'idée, on peut mesurer à quel point les idées modèlent le caractère, la vie...
Certaines idées conduisent à se teindre les cheveux en rouge ; d'autres, à devenir fou ; d'autres, à se lancer dans de longues études. Et ce ne sont pas les mêmes.

Alors il vaut mieux y réfléchir à deux fois, et les examiner longuement : ce sont elles qui nous guident.

04 juillet 2006

La réincarnation, piège à...

En fait, je ne dis pas ça pour critiquer qui que ce soit, à part moi-même.
Je suis tombée dans ce piège-là, je m'y suis engluée jusqu'aux oreilles, et si je n'avais pas reçu beaucoup d'aide... je ne m'en serais jamais sortie.
J'ai cru que j'étais la réincarnation d'Anastasia Romanov.
J'ai cru que j'étais la réincarnation d'une autre russe, l'auteure d'un journal intime (Baskiertseff, si je me souviens bien).
J'ai cru que j'étais la réincarnation de Cléopâtre. Le ridicule ne tue pas. En fait, cette croyance-là n'a pas duré plus de deux jours, mais c'était deux jours sacrément perturbés...
J'ai cru que j'étais la réincarnation d'une prostituée des années 50.
N'importe quoi, vraiment.
Mais c'est un n'importe quoi extrêmement dangereux.
Car on y croit, et du coup, on cherche à "actualiser" dans le présent ces vies passées. C'est un piège, vraiment. Un piège où l'on joue sa raison, contre une illusion.

03 juillet 2006

Le féminisme et où il mène...

Féministe radicale, totalement convaincue par les idées de Simone de Bauvoir, Isabelle Alonzo, etc., etc., j'ai cru comme beaucoup d'autres femmes qu'il y avait là une vérité à défendre.
Quelle vérité ?...
Que les hommes et les femmes sont strictement semblables. Seul un conditionnement social aliénant les différencierait (et quelques petites différences biologiques tout à fait négligeables).
Persuadée de cela, tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une différence dans la manière dont les hommes et les femmes vivaient, me faisait l'effet d'une insoutenable injustice.
Je n'étais pas au courant - et peut-être que je ne voulais pas l'être - des différences hormonales naturelles qui existent entre les hommes et les femmes, et qui conditionnent différemment leurs aptitudes...
Féministe et fière de l'être, je m'attachais à triturer la langue pour rendre visible et apparent un féminin trop occulté - et à renverser quelques insultes misogynes en insultes misandres.
Lorsque je discutais avec quelqu'un qui ne partageait pas mes opinions, je perdais mon calme au bout d'environ trente secondes.
Parfois moins.
Avec le temps, et l'intégration de ces idées féministes à ma personnalité, les hommes m'apparaissaient de plus en plus comme des ennemis. C'était eux les grands bénéficaires du patriarcat... et même s'ils ne contribuaient pas activement à sa promotion, ils en profitaient.
Puisque j'ignorais, et que je niais, toute différence biologique entre homme et femme, je ne savais plus très bien qui j'étais moi-même (à part une féministe).
J'étais une femme, oui... mais ça voulait dire quoi ?... simplement que j'étais la victime outrée et révoltée d'une vaste oppression...
Je ne "voyais" donc pas tout ce que mon caractère pouvait avoir de féminin - par exemple, mon envie de bien décorer mon appartement et d'y rester tranquillement, ou mon goût pour le langage et la communication.
Et je cultivais au contraire tout ce qui pouvait m'éloigner de cette identité féminine que je croyais fausse, purement culturelle et sociale.
Je travaillais à me rendre toujours plus agressive : la boxeuse était mon idéal.
Cela ne me rendait pas heureuse.
Cela me donnait seulement l'illusion d'exister.
Et comme je m'imaginais, conditionnée par mes croyances féministes, que je n'avais pas besoin d'un homme pour être heureuse, je me morfondais dans le célibat sans comprendre la cause de ma tristesse.