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LA LETTRE BLEUE
(Chaque matin, une citation commentée par Lucia Canovi)


 

08 juillet 2006

"Le pouvoir du moment présent" : un livre dangereux pour la tête

"Le pouvoir du moment présent" d'Eckhart Tolle est un livre très bien fait, très clair, très convainquant, bref très intelligent. Son style est limpide et percutant. Lorsque je l'ai lu pour la première fois, je l'ai adoré. La seconde fois, je l'ai annoté de commentaires enthousiastes bourrés de points d'exclamation.
Depuis j'ai changé de point de vue.

"Le pouvoir du moment présent" est typiquement le genre de livre qui travaille à rendre ses lecteurs idiots.

Malgré les apparences, ce n'est pas un paradoxe. Un livre mal fait ne réussira jamais à séduire son lecteur, ni à le convaincre de le suivre. Ce sont les livres subtils et intelligents qui fascinent, séduisent, entraînent. La question importante qu'il faudrait toujours se poser est : qui entraîne où ?...

En l'occurence, peut-être pas vers l'illumination promise.

La thèse d'Eckhart Tolle est celle-ci :
- Nous souffrons à cause de nos cogitations mentales.
- Le secret du bonheur est en nous. Nous recélons un trésor de paix et de quiétude en nous-mêmes. Pour le découvrir, il suffit de faire taire notre mental.
- Et comment faire taire notre mental ?... En gommant passé et futur, en lâchant prise, en habitant complètement l'instant présent.

"Le pouvoir du moment présent" s'ouvre sur une petite fable. Un vieux clochard assis sur une caisse tend sa casquette au passant, en lui demandant une pièce. Le passant lui dit : "je n'ai rien à vous donner... mais c'est quoi, cette caisse?" Le clochard répond : "Je ne sais pas... elle a toujours été là." Le passant insiste pour qu'il l'ouvre, et le clochard découvre avec stupeur qu'elle contient un trésor. Il était riche sans le savoir.
Cette histoire symbolise à merveille la grande idée d'Eckhart Tolle - qui n'est d'ailleurs pas que la sienne : la plupart des maitres spirituels ont la même, mais lui l'explique particulièrement bien. Nous serions pareil à ce mendiant qui n'a jamais ouvert la caisse, faute d'avoir reconnu que le trésor était là depuis toujours, sous ses fesses. Et Eckhart Tolle est le passant qui attire notre attention dessus.

Nous souffrons, dit Tolle, à cause de nos cogitations. Effectivement, lorsqu'on se sent mal, c'est souvent parce que l'on est harcelé par des pensées désagréables, des questions, des angoisses... C'est le propre de l'être humain de se poser des questions. Et lorsqu'il n'en trouve pas la réponse, il souffre de ses points d'interrogations comme si c'était des hameçons plantés dans son crâne.

Face à ce problème, Eckhart Tolle propose une solution simple et radicale : la lobotomie. Ne pensez plus et vous serez heureux. Celui qui devient bête se libère de la douleur d'être un homme. Faites comme les oiseaux et les chiens, qui ne savent pas quel jour on est, et pour qui c'est toujours "aujourd'hui". Ne vous souciez plus d'hier ni de demain, respirez, existez, point.

En jettant votre cerveau à la poubelle, vous allez gagner en échange la paix, la sérénité, la quiétude, bref : l'illumination. Comme Eckhart Tolle lui-même, qui était extrêmement angoissé et dépressif et qui s'est réveillé un beau matin heu-reux. Ce jour-là, le moindre cafard lui semblait magnifique. C'était la joie, c'était la paix... alors forcément, c'est tentant. S'il suffit d'arrêter de penser pour trouver une telle quiétude, pourquoi pas ?...

Le livre d'Eckhart Tolle met l'accent sur le moment présent, mais ce qu'il propose, c'est beaucoup plus qu'un "carpe diem" à tendance zen. Ce qu'il propose, ce qu'il conseille, c'est de devenir trisomique. Les trisomiques ne se soucient ni du passé, ni du futur, et ne se prennent pas le choux sur les questions existentielles. Faites vous enlever la moitié du cerveau, et vous trouverez l'illumination. Le prix à payer pour ouvrir la caisse au trésor ?... Renoncer à sa tête, tout simplement.

Et si (c'est juste une hypothèse) il n'y avait pas de trésor dans cette caisse ?... D'ailleurs, est-il bien vraisemblable que le mendiant n'ait jamais eu l'idée de l'ouvrir ?... Si c'est le cas, il est déjà complètement abruti, et on se demande bien ce qui retarde encore son illumination...

E. Tolle est un auteur des plus subtil. Il ne dit pas franchement : débarrassez-vous de vos facultés mentales, de vos capacités à élaborer des stratégies et des plans, à programmer, à réfléchir, à tirer un enseignement du passé et à choisir votre avenir, et en échange vous obtiendrez la paix intérieure. Non, il focalise l'attention du lecteur sur "le présent". Apparemment, ce qu'il propose au lecteur, c'est juste de s'ouvrir à la dimension du présent. Du coup, on ne se rend pas compte qu'il s'agit d'un marché de dupe : renoncer à sa raison en échange d'une promesse de bonheur très incertaine, voire complètement illusoire.

Qu'on le veuille ou non, on ne vit que dans le présent. Hier n'existe plus, demain pas encore. Et les problèmes ne se résolvent ni hier, ni demain : il n'y a qu'au présent qu'on peut agir. Si E. Tolle se contentait de rappeler cette évidence pleine de bon sens, il ne dirait rien que de très sage. Mais il dit autre chose...

Votre ordinateur a des problèmes parce que vous n'avez pas installé le bon programme. Du coup, il plante sans arrêt. La solution d'E. Tolle ? Jettez l'ordinateur par la fenêtre et non seulement vous n'aurez plus jamais aucun problème d'informatique, mais vous découvrirez l'infini, le divin et vous vivrez éternellement jeune. Je caricature à peine.

Et dans la réalité, qu'est-ce qui se passe lorsqu'on jette son ordinateur par la fenêtre ?... On dépense tout son argent dans un cyber-café, dont on devient complètement dépendant. S'il est fermé, on est coincé. S'il augmente ses tarifs, on n'a pas le choix : on doit payer.

L'intelligence, la rationnalité, la logique, sont les outils de l'être humain : sa pioche, sa bêche, sa boussole, ses chaussures de marche. Peut-être que le caisse sur laquelle le mendiant est assis ne contient pas de trésor, finalement. Peut-être qu'on n'y trouve que le kit complet du chasseur de trésor - mais n'est-ce pas déjà très précieux ?

Le conseil d'Eckhart Tolle : "Jette ta pioche, débarrasse toi de ta bêche, brise ta boussole, donne tes chaussures à Emmaüs, et tu trouveras le trésor, qui est déjà en toi." Si l'on suit ce conseil et qu'en réalité le trésor n'est pas en nous, mais bien ailleurs, on se retrouve complètement impuissant et démuni - comme ce mendiant pathétique qui tend sa casquette pour un euro.

On notera qu'Eckhart Tolle lui-même ne met pas ses propres conseils en pratique.
En effet, au lieu de délivrer gratuitement son enseignement, le grand maître spirituel le vend pour le prix de 16.59 € , ce qui est le signe assez probant qu'il n'a pas renoncé à se servir de son mental.

Un petit détail très significatif de ce livre est à noter : Tolle, qui use d'un vocabulaire riche et varié, emploie pourtant le seul mot "mental" pour parler du mental - il n'utilise quasiment aucun synonyme.
Pourquoi ?...
Parce que les synonymes de mental sont : intellect, entendement, pensée, raison, perspicacité, sagacité, lucidité, finesse, bon sens, discernement, pénétration, subtilité, intelligence. Et si le lecteur est prêt à croire que son "mental" est responsable de tous ses maux, il ne serait par contre pas prêt à avaler que c'est sa "perspicacité", son "intelligence" et son "bon sens" qui sont les coupables. Le terme neutre et vague de "mental" permet de disqualifier ce qui n'est en réalité rien de moins que l'intelligence.
Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage ; qui veut étouffer la raison, la rabaptise "mental" et l'accuse d'être à l'origine de toutes les névroses...

L'éditrice du "Pouvoir du moment présent" en a fait une présentation intéressante que voici (mes commentaires sont en italique).

- Eckhart Tolle nous enseigne qu’il est possible de vivre sans souffrance, sans anxiété et sans névrose.
- Oh, oh ! Le secret du bonheur ?! J'écoute attentivement.

- Mais pour atteindre cet état d’éveil nous devons arriver à comprendre que nous sommes nous-mêmes les créateurs de notre propre souffrance.
- Peut-être, mais pas forcément. Lorsque quelqu'un meurt de faim par exemple, le problème est en lui, la solution, c'est à lui de la chercher, mais le "créateur de sa souffrance" ce n'est pas lui mais la sécheresse, ou l'exploitation économique de son pays par le FMI...

- Que notre mental – et non pas les autres et notre monde environnant – est à l’origine de nos problèmes.
- Ah? Je croyais c'était nous, le problème... et finalement c'est "notre mental", c'est-à-dire notre raison. Le glissement n'est pas anodin.

- C’est notre mental, avec son flot presque continu de pensées, qui se soucie du passé et s’inquiète de l’avenir qu’il faut apprendre à maîtriser.
- Si "maîtriser" signifie "faire taire pour de bon", une ablation du cervelet serait la seule solution vraiment efficace.

- Pour entreprendre ce périple vers le pouvoir du moment présent, il nous faut laisser derrière nous notre esprit analytique et le faux moi qu'il a créé, c'est-à-dire l'ego.
- Si c'est notre esprit analytique, c'est-à-dire notre logique, qui a créé notre "faux moi", à ce compte-là notre "faux-moi" est ce qui nous différencie des grands singes.

- Dès le début du premier chapitre, nous nous élevons rapidement vers des hauteurs où nous pourrons respirer un air plus léger propre à la spiritualité. Même si le périple où Eckhart Tolle nous emmène présente des défis, le langage qu'il emploie est simple et le format question-réponse qu'il a choisi constitue un guide rassurant. Les mots ne sont eux-mêmes que des panneaux indicateurs. Si nous réussissons à être totalement dans ici-maintenant et à faire chaque pas dans le moment présent, si nous réussissons aussi à vraiment appréhender les réalités que sont notre corps énergétique, le lâcher-prise, le pardon et le non-manifeste, nous saurons nous ouvrir au pouvoir transformateur de l'instant présent.
- Passage grandiose. Le vocabulaire a été soigneusement choisi pour inspirer des sentiments positifs, de l'espoir et une certaine exaltation : élevons, hauteurs, respirer, air, léger, spiritualité, périple, défi, simple, ouvrir, pouvoir, transformateur...

- « L’être est la vie éternelle et omniprésente. Il existe au-delà de toutes les formes assujetties au cycle de la vie et de la mort. L'être vous est accessible maintenant comme étant votre véritable nature. Mais n’essayez pas de le comprendre avec votre mental. Vous ne pouvez le saisir que lorsque votre mental s'est tu et que vous êtes pleinement et intensément présent. Retrouver la conscience de l'Être et se maintenir dans cet état de réalisation, c'est cela l'illumination.
- En résumé : si vous éteignez votre lampe (si vous renoncez à votre mental, c'est-à-dire à votre esprit, c'est-à-dire à votre raison, c'est-à-dire à votre intelligence), le soleil va se lever (vous atteindrez l'illumination).

J'ai essayé d'appliquer très concrètement le conseil d'Eckhart Tolle. Une expérience scientifique, un test. Il était onze heures du soir. Il faisait nuit. La lampe sur mon bureau était allumée. Je l'ai éteinte.
Résultat de l'expérience : en tâtonnant dans le noir à la recherche de l'interrupteur j'ai trébuché contre une chaise, je suis tombée, ma tête a heurté le coin du bureau et je me suis fait très, très mal.

18 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est le mythe de l'imbécile heureux... Je crois que les deux termes ne forment non pas une oxymore, mais un mélange criant et grinçant.
J'ai aussi quelques difficultés avec les "solutions magiques"... J'ai le sentiment que les gens qui parlent de ce fameux "Carpe diem quam minimum credula postero" ont oublié le soucis et surtout la "prise de tête"... Mon thé est en effet délicieux, mais que m'apporte-t-il de plus ? L'assurance de ne pas crever déshydrater (là je dirais qu'il me retranche un espoir !!!).
Les conseils pratiques du genre "il faut cultiver notre jardin" n'ont pas trop d'emprise sur moi non plus, car encore une fois je ne peux fonctionner ainsi. Vivre sur la permanente remise en cause de tout n'est pas non plus sain, mais je crois d'abord que la richesse est à découvrir dans l'âme des autres et pas de le creux de notre propre nombril. Et rester coincé sur une occupation pratique ou pas d'occupation du tout ne me permet pas d'évoluer. En dépit de cela je conçois parfaitement que d'autre s'y retrouvent parfaitement

Adeline Bonnin a dit…

Merci Timeas, pour ce très intéressant commentaire... j'écrirai un article qui réprendra certaines de tes idées.
@ bientôt !

Chris a dit…

Merci beaucoup pour cet article !

Je suis tombé quelque peu par hasard sur ce bouquin... J'avais pu lire notamment sur le net qu'une jeune femme le préconisait, que ce livre l'avait aidée... Par conséquent, je me le suis procuré, en me disant pourquoi pas ?

Je viens d'arriver à la moitié du livre, à peu près, puis j'ai commencé à me sentir bizarre... Les renvois à Dieu, Jésus, la Bible ont commencé à gêner, bien que très subtilement glissées, puisqu'accompagnées en parallèle de quelques critiques envers la Religion...

Alors, je viens de chercher chercher, et chercher, sur le net pour trouver des articles tels le votre, et j'ai bien eu du mal à trouver... Par contre je suis rapidement arriver sur des forums de groupuscules, spirituels, religieux...

Cela m'a suffit. Et votre article vient tout simplement de poser une conclusion à mes réflexions : à défaut de jeter ma tête à la poubelle, c'est le livre lui-même qui vient d'y atterrir.

J'aurais du réagir plus vite lorsque je me suis rendu compte qu'il faisait parfois référence à "Un cours en miracle" ! Un livre dicté par les "voix supérieures".

Arf, je trouve qu'il est parfois difficile de s'y retrouver dans la masse d'informations, et de livres, aujourd'hui...

A vouloir aiguiser ses réflexions, et satisfaire sa curiosité, on tombe parfois sur des lectures "dangereuses".

Au vu de cette lucidité qui est la vôtre, je me permets de vous demander quelques conseils.

Avez-vous des sources d'informations "favorites" ? Comment faites-vous pour faire le tri, dans les livres, les magazines, les informations du net ?

Je vous remercie par avance de votre réponse.

Encore merci pour cet article plein de lucidité, et non sans humour qui plus est.

Très bonne journée à vous,

;-)

Thom a dit…

Je crois de mon côté que tu n'as pas compris grand chose de son enseignement. Et cela m'attriste beaucoup de voir que tu as dirigé tes efforts sur un article aussi erroné.

Il invite dans son ouvrage "le pouvoir du moment présent" à ne pas croire sur parole ce qu'il dit, mais plutôt à faire l'effort sincère d'expérimenter ce dont il parle. L'as tu fais ? As tu réussi à faire taire ton mental ? As tu réussi à passer ne serait ce qu'une petite minute à expérimenter l'existence, sur l'instant, sans juger, étiqueter, critiquer, penser ou avoir peur de quoi que ce soit ?!
Si tel n'est pas le cas, il est normal que tu ne comprennes pas de quoi il parle.
Si par contre tu as réussi à expérimenter pleinement le moment présent tu as pu entrevoir ce que c'est que de retourner à la source, de se "libérer" de toute forme d'illusion et de ressentir cette sérénité caractéristique, ce calme et cette paix de l'esprit.

Je ne crois pas qu'il n'ai jamais dit que le mental était quelque chose de "mal".

Son utilisation COMPULSIVE et SYSTEMATIQUE par contre l'est. Elle provoque toutes sortes de névroses et d'illusions.
Il n'a jamais préconisé la lobotomie, l'oublie de ses capacités humaines et de leur utilisation. Au contraire !
La seule chose qu'il préconise vraiment, c'est de se reconnecter avec la "source", avec ce qu'il y a AVANT l'écran des pensées (car aujourd'hui, nous ne percevons le monde qu'à travers cet écran). Savez vous regarder sans penser ? En CHOISISSANT de ne pas penser ? Savez vous regarder SANS JUGER ?
Lorsque l'on est capable de retourner à la source en soi, à retrouver ce calme et cette paix où les pensées sont moins nombreuses mais aussi de bien meilleure qualité, nos capacités s'en trouvent amélioré. Notre énergie n'est pas gaspillé en pensées inutiles et peut donc être canalisé plus judicieusement.

Si cela est de la lobotomie, si cela est mauvais pour le cerveau, alors on ne vit pas dans le même monde.

En fait, si tu avais bien lu et surtout, si tu avais fait l'effort d'essayer ce dont il parle, et non pas de juste lire ça comme un roman stimulant ou non, tu aurais probablement découvert la profondeur qui se cache derrière cet enseignement pourtant si simple.
Je te critique, non pas parce que tu es passé à côté de toi même, mais parce que tu diffuses sur un blog cet amat d'ignorance et de poison à qui veut bien l'entendre...

Adeline Bonnin a dit…

"Cet amas d'ignorance et de poison"... C'est du non-jugement, ça ?

Eckart Tolle préconise le non-jugement, mais je vois que ses adeptes n'arrivent pas à mettre ses enseignements en pratique. Peut-être parce qu'ils sont impraticables ?

Vous, Thom, vous êtes capable de ne pas penser, et qui plus est, de ne pas penser juste parce que vous l'avez décidé ?

Allez, soyez sincère, avouez que non.

Ce qu'Eckart Tolle préconise est tout simplement impossible à faire, et même à "non-faire".

Et merci de me vouvoyer, je préfère.

Thom a dit…

"Vous, Thom, vous êtes capable de ne pas penser, et qui plus est, de ne pas penser juste parce que vous l'avez décidé ?"

C'est en fait très simple. Notre attention est forcément dirigé quelque part, toujours.
Si elle est dirigé dans notre tête, nos pensées, nos souvenirs, notre mental, alors nous nourrissons tout cela, c'est automatique.
Si notre attention est dirigé vers quelque chose de présent (sensations du corps, son, odeur, vision directe), alors elle s'y ancre.

Dans le premier cas, les pensées s'enchainent, on voyage de l'une à l'autre, parfois sans s'en rendre compte, et plus on y est attentif, plus cela va s'amplifier et s'enchainer.

Dans le deuxième cas, les pensées ralentissent, car l'attention se porte ailleurs. Alors bien sur, on entend toujours les pensées passer, on peut toujours ressentir les émotions, bien que le débit ralentisse, jusqu'à se "couper". Tout cela n'est plus "alimenté" sur le moment. Est il nécessaire d'alimenter (donner de l'énergie) nos pensées 24h/24h ?
Lorsque l'on passe un petit moment à faire l'effort de se (re)centrer sur le présent, les pensées compulsives, les soucis se dissolvent. Et lorsque l'on en ressort, on est apaisé, serein, rechargé ! Prêt à entreprendre n'importe quoi avec un esprit totalement ressourcé (l'inverse de la lobotomie ;) )

L'idéal serait d'essayer de toujours garder à l'attention un élément qui nous accroche au présent (comme ressentir son propre corps). La raison est que dans l'instant présent, tout est plus intense, plus beau, plus intelligent, plus conscient.

M'enfin, à priori le livre explique tout cela mieux que moi, encore qu'il est toujours bon d'entendre d'autres mots.
Et si vous n'êtes pas frileuse avec la langue anglophone, je vous recommande très vivement ses vidéos qui fond passer le message d'une manière un peu plus vivante.

J'ai lu que vous critiquiez le prix de son livre. J'en déduis que vous seriez à même de critiquer le fait que les vidéos sont accessibles si vous payez un abonnement (mensuel).
j'aimerais répondre que, oui, c'est un service payant, mais tachons de ne pas oublier que, sagesse ou non, "guide spirituel" est son "métier", c'est ce qui le nourrit, ce qui paie son loyer. Et que sans argent, il n'aurait peut être pas les moyens de continuer à communiquer avec le monde via les outils de communication qu'apporte notre époque.

Adeline Bonnin a dit…

Ce que vous dites là est du pur bon sens... Si Eckart Tolle ne disait que ce que vous venez de dire, je n'aurais pas écrit un article contre son livre. Mais, sous le message que vous avez capté, il fait aussi simultanément passer un autre message.

Adeline Bonnin a dit…

Je me permets de m'auto-citer (en reprenant un commentaire que j'ai mis sur amazon) :

Il m'a beaucoup plu à l'époque. Je l'ai trouvé génial.

Aujourd'hui, je n'y vois plus qu'un paquet de conseils dangereux pour la tête : débarrassez-vous de votre mental, c'est-à-dire de votre raison, c'est-à-dire de votre sagacité... pour vivre comment ?

Comme un(e) imbécile.

Autrement dit : éteignez la lumière (c'est-à-dire renoncer à votre logique et vos facultés mentales) et le soleil se lèvera (vous trouverez l'illumination.)

J'ai testé pour vous : ça ne marche pas.

Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage ; qui veut saboter l'intelligence de ses lecteurs la rebaptise "mental" et l'accuse de tous les maux... c'est la démarche de Tolle.

PS écrit quelques années plus tard : j'ai un autre reproche à faire à Eckart Tolle. Il insiste sur l'intérêt de vivre dans le présent, mais ne donne aucune méthode claire et simple pour y arriver.

On pourrait le lui pardonner si cette méthode n'existait pas, mais elle existe.

Pour vivre au présent et habiter l'instant, il faut développer un sentiment de gratitude.

Je vous conseille donc plutôt de lire :

Merci ! : Quand la gratitude change nos vies

La Gratitude un état d'être - Comment donner et recevoir de la joie chaque jour de votre vie

Tolle est un auteur séduisant au style limpide, mais il ne propose rien de concret, rien de substantiel... le développement personnel a, de mon point de vue, plus à offrir.

l'ambition de se libérer de l'ego est fichue d'avance et ne pourra jamais aboutir, car ego = "moi, je" (le mot n'a pas d'autre sens) et personne ne peut se délivrer de lui-même.

La réalité c'est que l'ego n'est pas plus une prison que notre visage n'en est une : avoir une personnalité, des désirs, une identité, n'est pas une prison en soi.

Même si bien sûr, il est parfois nécessaire de troquer des désirs contre d'autres, une identité contre une autre, et même une personnalité contre une autre...

Mais viser à l'extinction de tout désir, toute identité et toute personnalité, c'est juste viser à l'extinction de soi-même !

Le mot "ego" fait beaucoup de dupes... Il suffit de le traduire en bon français pour voir que l'ego n'est pas une prison.

L'égoïsme par contre, et tous les défauts traditionnels (impatience, colère, orgueil, etc.) en sont.

Vous êtes humain ? Alors assumez. Vous ne vous changerez jamais en autre chose, et "un être humain sans ego" est aussi improbable qu'une licorne à deux têtes.

Thom a dit…

Au moins votre réponse est claire quant à votre état d'esprit.

Il est évident que vous n'y croyez pas un poil, et cela est à mon sens le principal obstacle, la principale raison pour laquelle vous n'avez pas cerné le sujet.

Je crois au contraire que Tolle est très clair, du moins autant qu'on puisse l'être autour d'un sujet qui ne s'intellectualise pas, mais qui se comprend par l'expérimentation pure et simple.

Je trouve qu'il a rendu accessible de vieux enseignements spirituels qui avaient été rédigés à leurs époques époques respectives avec des mots et des contructions adapatés à ces époques justement.

L'ego c'est la personnification des moyens que nous avons développés pour intéragir dans le monde. C'est un ensemble d'outils et de mécanismes que nous prenons pour nous-même. Ceci est une illusion, mais cela ne rend pas moins indispensable ces dit mécanismes.

Être présent n'a jamais empêché personne de renssentir des émotions ou du désir, encore une fois l'inverse est plus vraie. Quand on s'ouvre à l'instant on ne peux pas louper ce genre de choses. La différence réside dans la POSSIBILITE de se soustraire ou d'amplifier ce qui arrive.

Encore une fois, ses différentes interventions que l'on peut voir en vidéos par ci par là affinent son explication.

Adeline Bonnin a dit…

"Ego" signifie "moi", pas "ensemble d'outils et de mécanismes que nous prenons pour nous-même", ni "fausse personnalité".

Au moins étymologiquement.

Si l'ego est une illusion, il n'est pas indispensable ; s'il est indispensable et impossible à supprimer, ce n'est PAS une illusion.

Aucune illusion n'est l'équivalent d'un organe vital. Par définition ou presque, une illusion est un obstacle. Qui nous sépare de la vérité, de l'amour, de la lumière, etc.

Je me demande pourquoi vous tenez tellement à me convaincre : vous avez des doutes ? Vous avez peur que d'autres doutent ? Si Eckart Tolle vous apporte paix et sérénité, tant mieux pour vous...

Ici est le SEUL lieu de la toile où il soit critiqué (et encore, quantitativement si peu : un seul article), ça ne devrait pas vous déranger tant que ça, il me semble.

Je laisserai vos prochains commentaires - s'ils sont aussi polis que les derniers - mais je n'y répondrai plus.

Permettez-moi juste de vous conseiller la lecture (gratuite) des 85 premières pages de mon livre, "Marre de la vie ?".

C'est ici :

http://marre-de-la-vie.fr/85premierespages/

Cordialement.

Adeline Bonnin a dit…

Au fait, j'ai oublié de rectifier un point : j'ai vraiment cru à Eckart Tolle à une certaine époque. J'ai relu plusieurs fois son livre. Souligné des phrases clefs. J'étais vraiment fan. Comme beaucoup.

J'en parle d'ailleurs dans l'introduction de "Marre de la vie ?" Le "problème" n'est donc pas que je n'y crois pas... le "problème", ou peut-être la solution, est que je n'y crois plus.

Anonyme a dit…

Merci beaucoup pour cet article, car il n'y a effectivement pas beaucoup d'article critiquant Eckart Tolle sur le net. J'était moi aussi un grand fan du pouvoir du moment présent, avant de réaliser tout son potentiel nocif. J'ai vraiment essayer d'appliquer la methode de Tolle et pensait y être arrivé, j'arrive effectivement à comme il dis suspendre mon mental, et pour ainsi dire ne plus penser, et on y trouve effectivement un appaisement. Comme je suis quelqu'un de très tourmenté, arriver à trouver de l'appaisement avec uniquement mes propres ressources était quelque chose de révolutionnaire. Mais le problème est que Eckart Tolle propose comme finalité quelque chose qui n'est qu'un outils, qu'une facette du rapport étonnement complexe que l'homme entretient avec lui même et son univers. Aujourd'hui, je vis vraiment ce livre comme un poison, et jamais je n'aurais pu penser qu'un livre, que le raisonnement de quelqu'un d'autre puisse être aussi dangereux et puisse avoir autant d'ascendant sur ce que je suis. A force d'avoir essayer de contrôler, réprimer ce que Tolle appelle mon mental, je suis devenu passée d'une personne certe tourmentée mais intellligente et subtil à une sorte de débile catatonique, voir limite schizophrène. et il n'y a que récemment d'ou j'ai pu commencer à me libérer de cet état (j'ai d'ailleurs fait un grand feu de joie avec tout les livres d'Eckart Tolle en ma possession ! ). Je pense que le chemin pour arriver à être en harmonie avec soi même et le monde est infiniment plus subtil et complexe que ce que Eckart Tolle préconise. Mefiez vous de ce livre, car je pense que ses supporters n'ont pas vraiment compris quelle logique destructrice se cache derrière un livre si séduisant

Adeline Bonnin a dit…

Merci beaucoup pour votre partage d'expérience, cher anonyme.

De vous lire m'a donné l'idée et la motivation de faire un livre sur Eckhart Tolle et ses effets.

Unknown a dit…

Madame Lucia Canivi. Je pense vraiment que vous n'avez pas cerner le fond du livre. Vous vous rattachez à des futilités car je pense que le contenu fondamental est inaccessible pour vous. Je suis mathématicien et donc l'esprit cartésien, l'intelligence... sont des outils vitaux dans mon métiers. Si Eckart tolle disait de s'en débarrasser j'aurais été le premier à lui tomber dessus. En mathématiques certaine choses sont vrais en dimension 1 mais elles n'ont plus se sens dans les dimensions supérieurs comme ( les injections de sobolev, certains caractères des solutions turbulentes de Leray). Je pense chère madame que monsieur Tolle installe un cadre supporté dans une dimension qui n'a pas trop de sens pour vous, car elle est plus élevé que la votre. Vos critiques révèlent des tendances à foncer grossièrement dans l'évidence, à être inimaginablement terre à terre... Prétendre qu'Eckart Tolle enseigne de jeter son mental à la poubelle... c'est prouver que vous avez lu le livre certes, mais par le biais d'une dimension si basse :(. Désolé madame je suis sincère.

Unknown a dit…

Madame Lucia Canivi. Je pense vraiment que vous n'avez pas cerner le fond du livre. Vous vous rattachez à des futilités car je pense que le contenu fondamental est inaccessible pour vous. Je suis mathématicien et donc l'esprit cartésien, l'intelligence... sont des outils vitaux dans mon métiers. Si Eckart tolle disait de s'en débarrasser j'aurais été le premier à lui tomber dessus. En mathématiques certaine choses sont vrais en dimension 1 mais elles n'ont plus se sens dans les dimensions supérieurs comme ( les injections de sobolev, certains caractères des solutions turbulentes de Leray). Je pense chère madame que monsieur Tolle installe un cadre supporté dans une dimension qui n'a pas trop de sens pour vous, car elle est plus élevé que la votre. Vos critiques révèlent des tendances à foncer grossièrement dans l'évidence, à être inimaginablement terre à terre... Prétendre qu'Eckart Tolle enseigne de jeter son mental à la poubelle... c'est prouver que vous avez lu le livre certes, mais par le biais d'une dimension si basse :(. Désolé madame je suis sincère.

Adeline Bonnin a dit…

Le problème cher Tomy, c'est que quand bien même on admettrait l'existence de plusieurs dimensions, les hautes et les basses, il n'en reste pas moins que 1+1=2 est vrai à tous les niveaux, alors que dans les dimensions mathématiques supérieures, on nage en pleine fiction.

Adeline Bonnin a dit…

Je me suis mal exprimée... ce que je voulais dire, c'est que parmi ces différents niveaux mathématique, l'un est vrai et les autres sont faux. Eckhart Tolle avait "beaucoup de sens" pour moi à l'époque où j'étais gravement perdue et déprimée ; il me paraît un ramassis d'inepties depuis que je suis bien dans ma peau.

Anonyme a dit…

Eckhart Tolle sur Wikipedia.fr :
Certaines critiques soulignent le peu d'originalité des livres de Tolle. En 2009, un article du New York Times écrit qu’ « il n’est pas le premier écrivain à exploiter le désir des Américains en quête de sens et de succès9. » Sara Nelson, l’éditrice en chef de Publishers Weekly, pense que les écrits de Tolle doivent leur succès à la mode des livres qui vous disent comment être plus heureux, plus apaisé et comment réussir dans la vie9. » James Robinson dans The Observer qualifie les écrits de Tolle de « mélange de pseudo-science, de philosophie New-Age, et d’enseignement emprunté à des religions établies16. »

Dans une étude comparée intitulée "L'illusion du pouvoir dans le cheminement spirituel. Un exemple : le mentalisme d'Eckart Tolle : l'illusion du pouvoir du moment présent" , Walnier Alexandre Jr17 analyse le mythe et la psychologie du paradigme d'Eckhart Tolle et montre en quoi ils sont unilatéraux, nocifs, simplistes, littéraux et confondent les mythèmes divins avec les mythèmes humains. Il met en exergue le fait que les techniques de Tolle s'apparentent à des protocoles comportementalistes et des techniques suggestives conditionnant les individus à vivre une hypnose pré-programmée qui agissent comme un "anesthésiant". Endormant les souffrances psychologiques, elles sont ainsi refoulées. L'individu ne ressentant plus de douleurs psychologiques est conditionné à voir cet état comme une "vacuité". Cependant, à moyen et long terme, quand le retour du refoulé se manifeste, le "pouvoir du moment présent" ne peut plus contenir ni les émotions ni les pensées produisant ainsi l'effet inverse de ce qui est promis. Enfin, Eckhart Tolle, comme l'Eglise catholique envers Galilée, fait de la psychologie (donc de la science) à partir de "spriritualité" (donc de la métaphysique) ce qui est une erreur épistémologique comme le montre Kant. Il est à noter que le mythe et la psychologie de Tolle se défendent narcissiquement (James Hillman in "Guérir la psychanalyse de son narcissisme, passer du divan à la fenêtre" en parle) : toute critique à l'égard du système "Eckart Tolle" est nécessairement considérée comme provenant de l'égo et du corps de souffrance. Ce qui rend toute critique inattaquable car venant d'un individu égotique. Il y a ici usage du vieux sophisme qui est de s'en prendre à l'individu pour décrédibiliser le contenu de ses propos. Il faut donc proposer un regard alternatif et critique sur Tolle. Cette lecture critique se réfère aux propos d'Adolf Craig-Guggenbühl, psychanalyste de l'école archétypique (James Hillman) et analytique (C.G Jung), qui dans son ouvrage "les vieux sots" invitent à critiquer les mythes modernes.