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LA LETTRE BLEUE
(Chaque matin, une citation commentée par Lucia Canovi)


 

24 septembre 2006

C'est quoi, le bonheur ?

Chacun s'en fait sa définition personnelle, salade composée d'argent, d'amour, de plaisirs variés...

La part du rêve est à séparer de la part de bonheur possible sur cette terre. Car il n'est pas difficile d'imaginer le "vrai" bonheur, et il n'est pas de ce monde : pas de vieillesse, pas de mort, pas de souffrance, que de l'amour et de l'amitié, que de la jeunesse et de la beauté, le moindre voeu qui se réalise instantanément...

Mais en ce monde, le bonheur ne resssemble bien sûr pas à ça. Le bonheur terrestre ne pourra jamais être pure jouissance, et quand on l'imagine ainsi on est déçu - tôt ou tard. Il faut le définir avec de tout autres critères pour qu'il ait une chance de se réaliser : se fixer un objectif réaliste est la première condition à remplir pour l'atteindre.

Les philosophes stoïciens plaçaient le bonheur dans une sereine indifférence à tous les malheurs. Sans aller jusque là, on peut dire que le bonheur est un certain état d'esprit que les aléas de la vie parviennent à égratigner, mais pas à entamer. Car le bonheur fragile qui est seulement le fruit de circonstances extérieures, n'est pas le bonheur - juste un bien-être précaire que la moindre contrariété démolit.

Autrement dit, il ne suffit pas d'être dans la situation enviable de quelqu'un pour qui "tout va bien", pour connaître le bonheur.

Le bonheur serait donc plutôt de l'ordre du sentiment intérieur, de la force intérieure. On pourrait le rapprocher de la confiance en soi : avoir confiance en soi, c'est se savoir capable. Le bonheur est quelque chose de l'ordre de la confiance et de la capacité.

Mais le bonheur est aussi de l'ordre de la perspective ascendante. Car un homme, même très riche, ne sera pas heureux s'il est chaque jour un peu plus pauvre - alors qu'un homme, même très pauvre, sera très heureux d'être chaque jour un peu plus riche. Grimper vers un but désirable, est l'une des facettes du bonheur sur cette terre.

Le bonheur est aussi de l'ordre de l'ordre. Car si tout est en ordre, si les choses et soi-même sont à leur place, on en tire une sensation de confort très apaisante. On parle parfois de "joyeux désordre" mais dans la réalité, le désordre n'est pas joyeux, mais sinistre. Une tête bien faite (bien rangée), un appartement clair, propre et ordonné : ce sont là d'autres facettes du bonheur.

Enfin, le bonheur est de l'ordre de la relation. Car lorsqu'on tisse des relations authentiques, sincères et chaleureuses avec les autres - du moins avec certains autres - on s'inscrit dans un réseau relationnel qui est d'une certaine manière, l'élément naturel le plus approprié à l'être humain.

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