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LA LETTRE BLEUE
(Chaque matin, une citation commentée par Lucia Canovi)


 

29 avril 2010

L'incitation au meurtre : le plus grand tabou de notre société ?

C'est une question que je me pose... est-ce que l'incitation au meurtre ne serait pas le plus grand tabou de notre société ?

Et si c'est le cas, pourquoi ?

Y aurait-il, dans la conscience collective, une forme de complicité malsaine - complicité qui se manifeste par un silence profond sur ce sujet-là ?... A ce niveau-là, est-ce que nous ne serions pas tous impliqués d'une manière ou d'une autre sans le savoir ?

Questions que je me pose.

Est-ce que vous entendez parfois parler du rôle incitatif joué par les films et téléfilms violents dans les meurtres qui ont lieu dans la réalité ?

Moi, jamais.

C'est pourtant une GROSSE évidence. Est-ce parce que c'est tellement évident que personne n'en parle ? Mais ce n'est pas en se taisant qu'on résoudra le problème...

Aux informations, on commente la recrudescence de violence en convoquant les experts, qui proposent d'innombrables causes mais jamais la plus évidente, la plus flagrante de toutes : la violence audio-visuelle, école à la violence réelle.

Les enfants et les adultes apprennent par les yeux : on imite les comportements que l'on observe. On les imite naturellement, presque inévitablement. Regarder des meurtres tous les jours à la télé, c'est s'entrainer à devenir un tueur.

Vous croyez que j'exagère ?

C'est comme ça que l'être humain fonctionne... je n'y suis pour rien.

S'il n'y a pas encore plus de meurtres (mais il y en aura), c'est que malgré tout la saine nature originelle freine cet apprentissage du meurtre.

Et les politiques de s'interroger : comment faire pour réduire la violence, promouvoir la sécurité ?

La solution la plus évidente comme la plus efficace - supprimer ou du moins censurer la violence à l'écran - ne leur vient jamais à l'esprit. Pourquoi ?

Les "créateurs" ont tous les droits... même celui d'inciter au viol et au meurtre. Et nous, bonnes pâtes ou bonnes poires, nous ne disons pas un mot ! Qu'ils soient "créatifs" tant qu'ils veulent, personne ne viendra opposer son veto...

Bizarre, non ?

Notre société aurait-elle un angle mort ?
Un point aveugle ?

Et ce point aveugle serait-il l'incitation au meurtre ?

J'ai constaté le même silence en ce qui concerne Freud - et peut-être que les deux silences sont liés, étroitement liés...

Freud a tué. Freud était un tueur en série.

On le sait depuis les années 80 - et pourtant, personne ne veut le savoir. Personne ne veut de ce scoop. Il y a deux longs livres sur le sujet - mais personne ne veut lire ces livres. Leur défaut ? Ils parlent d'un sujet dont on n'est pas sensé parler. Chut. Freud ne doit pas être considéré comme un tueur... même s'il en était un.

D'ailleurs, toute la dimension violente, sanglante, meurtrière de sa théorie (le complexe d'œdipe ne parle pas QUE d'inceste, comme vous le savez) est taboue. Personne n'en parle.

On dit parfois, et même souvent, que Freud est obsédé par la sexualité...

Mais on ne dit jamais qu'il est obsédé par le meurtre et la mutilation (complexe de castration), alors qu'il l'est tout autant que par le sexe.

Pourquoi ce silence ?

Qu'est-ce qu'on ne veut pas voir, pas entendre, dans cette histoire ?

Est-ce parce qu'à un obscur niveau, Freud nous a convaincu que nous sommes, comme lui, des tueurs en puissance ? Et que le dénoncer lui, ce serait en quelque sorte nous dénoncer nous-mêmes ?

Je crois qu'il y a quelque chose de cet ordre-là même si je ne pourrais pas le prouver...

Je sais que j'ai du surmonter une vive résistance intérieure quand j'ai voulu écrire sur les meurtres de Freud.

Les gens qui, actuellement, s'acharnent sur le dernier livre de Michel Onfray, Le crépuscule d'une idole, l'affabulation freudienne, le font en évitant soigneusement de parler de ce qui est, pourtant, une part essentielle de sa thèse : que Freud avait des envies de tuer. Envie de tuer son père... puis toutes les figures paternelles... mais aussi ses fils.

Et Michel Onfray n'a aucun mal à le prouver - Freud, tueur en série comme Jack l'Eventreur ou le docteur Petiot, avait le meurtre, l'envie de tuer, qui lui suintait par toutes les pores. On la retrouve dans son œuvre, sa correspondance, et bien sûr sa biographie (son demi-frère qui disparaît mystérieusement suite à une visite de Freud, par exemple. Le premier meurtre de Freud, celui qui l'a le plus marqué.)

Les défenseurs de Freud ferment les yeux sur tout ce sang... Ils ne veulent même pas répondre sur ce point, ils préfèrent déplacer le débat sur le terrain plus confortable de la sexualité.

Et bien, je vous le dis : dire la vérité est une libération !

Et dire la vérité interdite, taboue, est une libération encore plus grande...

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