Nous vivons une époque obscurantiste.
Obscurantiste : le savoir n'est plus divulgué ; on décourage ceux qui l'ont (les professeurs par exemple) de le donner à ceux qui ne l'ont pas.
Obscurantiste : l'autorité légitime que devrait conférer la connaissance approfondie d'un domaine est niée ; tout pouvoir fondé sur le savoir est vécu comme un abus, une tyrannie inadmissible.
Obscurantiste : les médias n'accordent strictement aucune valeur à la connaissance. Etre jeune, riche, mince et beau/belle, voilà l'important. Le reste on s'en fout.
Obscurantiste : les véritables intellectuels sont ignorés et les pseudo-intellectuels, ânes tapageurs et lèche-bottes à la solde d'un parti ou d'une idéologie dominante, sont célébrés.
Le problème vient peut-être - entre autre - que la "démocratie" ou "les droits de l'homme" ont changé de définition.
"Tous les hommes naissent libres et égaux en droit" signifiait au départ que tous les hommes naissaient égaux en droit, mais pas égaux en capacités ; maintenant cela signifie qu'ils naissent et demeurent égaux en capacité intellectuelle, culture et savoir.
Ce qui fait que l'opinion irréfléchie de quelqu'un qui n'a jamais étudié la question, est considérée comme ayant une valeur égale à celle de quelqu'un qui s'est renseigné sur la question, ou même à celle d'un spécialiste de la question.
Certes, lorsqu'il s'agit de foot, on sait encore que tous les homme ne sont pas égaux de fait, même s'ils sont égaux de droit : il y en a qui jouent bien, d'autres très bien, d'autres qui jouent très mal, d'autres qui ne jouent pas du tout et qui s'en foutent.
Mais dès qu'il s'agit de réflexion, de discernement, de logique ou de raisonnement... Zidane ne vaut pas plus que ma grand-mère ; les surdoués ne valent pas plus que les sousdoués ; ni la lecture, ni la recherche, ni la réflexion ne font la moindre différence.
Dans notre monde post-moderne, personne n'est plus renseigné, plus réfléchi, plus intelligent que personne ; celui qui oserait prétendre qu'il y a une différence de profondeur entre les idées de Montaigne ou de Proust d'un côté, et celles de n'importe quel élève particulièrement nul de 4ème de l'autre, serait un méchant élitiste rétrograde, hostile à la démocratie.
Car la "démocratie", ce n'est plus le gouvernement du peuple par le peuple, c'est l'égalité des zéros.
Le raisonnement (plus ou moins explicite) est le suivant : si plus personne ne sait rien, le savoir aura perdu tout intérêt. Donc il suffit de se donner pour objectif que plus personne ne sache rien, en commençant par les élèves, et bientôt, ce sera tout à fait normal de ne pas savoir lire...
Ce qui suppose que la connaissance - même celle complètement basique qui consiste à lire et écrire correctement - n'est qu'un vestige archaïque, prétentieux et inutile de l'Ancien Régime... un peu comme la particule "de".
Et la vérité qui se cache derrière tout ça, c'est que des crétins complètement abrutis (intelligents à la base, mais tellement incultes, voire illettrés, qu'ils sont devenus bêtes avec le temps) sont infiniment plus manipulables que des êtres conscients et intelligents.
Quand on tient la télécommande, quand on veut s'en servir, on s'efforce d'ôter les fonctions "langage articulé et logique", "réflexion" et "causalité" des cerveaux des êtres humains : un robot n'en serait plus un, s'il parvenait à penser.
19 novembre 2006
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1 commentaire:
Hello, ravi de te revoir,
trés bon texte, tu as parfaitement raison, mais je ressent de la colère dans tout ça, non ?
quoiqu'il en soit je pense comme toi, on est trop manipulé et on nous prend trop pour des cons.
L'idiotie a decidé de dominer le monde avec son pouvoir corrompu.
Plus le peuple reste dans l'ignorance et mieux il est soumis.
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