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LA LETTRE BLEUE
(Chaque matin, une citation commentée par Lucia Canovi)


 

24 juillet 2006

Le supermarché des croyances

Les tenants du développement personnel et de la pensée positive proposent souvent, comme une chose toute naturelle, de changer « ses scénarios de croyance ». Vous croyez que vous êtes laid, faible et incapable ?… Changez de croyance ! Vous pensez que la vie est dure et que vous n’allez pas y arriver ?… Changez de croyance !

Le problème, c’est qu’on n’a pas adopté ses croyances comme ses chaussettes, en prenant en compte leur prix et leur texture plus ou moins confortable : on n’a pas choisi ses croyances comme on choisit un produit dans un supermarché. Le processus est entièrement différent. Ce qui fait qu’on ne peut pas s’en débarrasser, ou les échanger, juste parce qu’on le souhaite, ou même parce qu’on l’a fermement décidé.

Pour comprendre comment changer ses croyances, il faut comprendre pourquoi et comment on les a adopté au départ – point sur lequel les tenants de la pensée positive font complètement l’impasse, ce qui explique la relative inefficacité de leur méthode.

Platon a distingué trois grandes valeurs : le beau, le vrai et l’utile. Deux de ces critères n’ont presque aucun impact sur nos croyances. On ne croit pas à une idée parce qu’on la trouve jolie ou confortable, belle ou utile. L’esprit de l’être humain ne fonctionne pas comme ça. Le grand critère déterminant du choix de croyance, pour tout être humain ou presque, c’est la vérité. On croit à ce que l’on pense être vrai ; on ne croit pas à ce que l’on pense être faux.

On ne peut donc changer ses croyances qu’à condition de s’apercevoir qu’elles sont fausses, ce qui ne peut pas se faire « comme ça », ou seulement avec l’aide du temps. Mille ans de passivité intellectuelle n’apporteront aucun changement dans nos idées. Pour se débarrasser d’une croyance, il faut prendre conscience qu’elle n’est pas fondée ; pour prendre conscience qu’elle n’est pas fondée, il faut enquêter sur elle, ou (encore mieux) enquêter sur une idée opposée et contradictoire.
C’est un grand travail de détective, de chercheur.

La pensée positive prétend qu’à force de répéter comme un mantra « tout va bien dans mon monde » on réussira à y croire. Cette façon d’appréhender l’intellect est très irrespectueuse. Le cerveau n’est pas à gaver comme une des victimes du nouvel an. Un changement profond et définitif de croyance ne sera jamais déterminé par une répétition bêtement mécanique (conformément à l’idée que lorsqu’on aura répété mille fois qu’on est génial, on y croira), mais par un processus simple et subtil, rationnel et logique : autrement dit, une prise de conscience.

Il est vrai que notre esprit est conditionné par les messages incessants de la publicité, des journaux et des films… mais ce que l’on recherche à travers le développement personnel, ce n’est pas un conditionnement de plus, mais un conditionnement de moins. Si l’on parvenait, à force de répétitions, à se convaincre soi-même de croyances « positives » mais que l’on juge illusoires, on arriverait seulement à se rendre fou. L’auto-hypnose ne représente en aucun cas une libération.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

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Anonyme a dit…

j'ai trouvé ton texte intéressant et je voudrais rajouter quelque lignes pour compléter ton idée: c'est une piste que d'aller chercher dans son enfance les croyances qui se sont misent en place. Par nos parents, notre famille, les amis de la familles, les voisins, les maitre et maitresse, etc... Et surtout le rapport avec le monde a cette époque là, qui va mettre en place la personalité du futur adult, avec ses craintes, ses peurs et ses réussites. Ensuite vient son rapport avec le sexe opposé et la aussi d'autre croyance se mettent en place...tout un programme! Bon travail et bonne anné 2008!