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LA LETTRE BLEUE
(Chaque matin, une citation commentée par Lucia Canovi)


 

04 décembre 2006

[désapprobateur] : "Tu vois le mal partout..."

Ce reproche demande à être expliqué. Il ne signifie pas que le mal est localisé seulement dans certains coins bien précis, mais plutôt que les personnes qui le voient là où il est, sont un peu fatiguantes.

En cherchant bien, on trouve effectivement le mal à peu près partout (ce qui explique que le monde actuel soit un tel cauchemar).

Exemple tiré d'un journal gratuit. La photo représente un beau jeune homme vêtu de noir, au visage serein, impassible. Il tient de la main gauche, par le pied, un bébé. Et de l'autre, une épée laser comme dans Star Wars. Impossible d'interpréter l'image autrement qu'ainsi : le beau jeune homme impassible va trancher la tête du poupon.

L'article explique : il s'agit d'une oeuvre d'art, l'artiste s'est pris lui-même en photo... et le bébé n'est qu'une poupée - tiens, oui, c'est vrai : ce n'est qu'une poupée très réaliste. L'artiste ferait ainsi d'une manière "provocante" l'éloge de la société de consommation...

Au delà de l'incohérence du propos (quel rapport entre trucider un bébé et la société de consommation ?... mais peut-être qu'au fond, il y a bien un rapport, malheureusement...), cet article et surtout sa photo font passer un message.

Et oui.

Et ce message, c'est tout simplement celui-ci : tuer un bébé, c'est cool, c'est jeune, c'est branché, c'est provocant, c'est artistique.

"Non... tu exagères... tu vois le mal partout."

D'accord. Donc, il ne s'agit que d'une oeuvre d'art. Du second degré.

(Ah, le second degré... quelle magnifique invention ! un masque lisse, l'une des stratégies de pointe du Mal post-moderne. Par l'excuse en béton du "second degré", l'immonde a droit de cité, et les incitations aux meurtre se font respectables, honorables. Scream, C'est arrivé près de chez vous... Soupoudrez d'humour les messages les plus pervers, les plus violents, les plus vicieux, et vous aurez du "second degré". Rien de plus cool.)

En fait, nous vivons dans le monde de Candy, où tout le monde est très gentil.
Et le mal n'existe pas.

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