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LA LETTRE BLEUE
(Chaque matin, une citation commentée par Lucia Canovi)


 

06 mai 2014

La perversité des conséquentialistes

Qui sont les conséquentialistes ?

Des philosophes qui, comme la plupart des philosophes, se prennent au sérieux.

Leur spécialité : tenter de rendre la population encore plus immorale et cruelle qu'elle ne l'est déjà en faisant "réfléchir" sur des cas fictifs où il faut tuer une personne innocente pour en sauver d'autres.

C'est-à-dire qu'ils inventent, de manière complètement artificielle, des scénarios où assassiner une personne innocente sauverait la vie d'autres personnes innocentes, puis expose ces scénarios à des individus lambda en leur demandant d'évaluer moralement l'acte de quelqu'un qui, dans cette situation, tuerait pour sauver.

En quoi c'est une manière de cultiver la cruauté et l'indifférence des gens ?

Parce que le contexte fictif n'est là que pour permettre d'apprivoiser l'idée que tuer une personne innocente, c'est parfois une excellente idée.

Après, les gens oublient l'historiette qui a servi de support à cette conclusion, et gardent seulement la "morale" : tuer un innocent, parfois, c'est une bonne action...

La subtilité et la perversité de la démarche ne vous saute peut-être pas aux yeux. Alors prenons un exemple pour voir comment les conséquentialistes s'y prennent.

Un tramway va écraser cinq personnes sur une voie. Au-dessus de la voie, se trouve un gros homme qui, s'il tombait, arrêterait le tramway. Faut-il pousser le gros homme pour sauver les cinq personnes ?

La plupart des gens répondent à bon droit : NON.

Les conséquentialistes répondent OUI et aimeraient que tout le monde réponde OUI en coeur avec eux. (Ce sont de gros pervers, plus gros que l'homme censé arrêté le train par sa masse.)

Mais cette histoire est non seulement inventée et improbable, mais psychologiquement incohérente. Pire qu'invraisemblable : absurde.

En effet, si Gérard pense à pousser le gros homme, c'est qu'il est dans un état d'esprit propice à ce type d'idée - un état d'esprit qui n'est PAS celui d'un sauveteur mais d'un tueur. Autrement dit, si cette idée de pousser l'homme sur les rails lui traverse l'esprit, ce ne sera certainement pas pour sauver les cinq personnes, mais plutôt pour que le bain de sang soit plus complet, le massacre plus grandiose. Si Gérard pousse l'homme, ce sera pour qu'il y ait un mort de plus, et pas cinq morts de moins.

Et si Gérard chercher à sauver les cinq personnes, il sera dans l'état d'esprit "sauveteur", et ne pensera absolument pas à pousser l'homme sur les rails. Il pensera à appeler à l'aide, peut-être même s'il est vraiment très très altruiste à se jeter lui-même sur les rails pour arrêter le train, mais l'idée de tuer quelqu'un ne lui traversera pas l'esprit, même un quart de seconde.

L'état d'esprit "sauveteur" et l'état d'esprit "tueur" sont diamétralement opposés. Des années-lumière les séparent l'un de l'autre. Il est donc IMPOSSIBLE que, dans la situation imaginée, la même personne pense (dans un intervalle de quelques secondes à peine) à la fois à sauver les cinq personnes et à tuer le gros homme, même si c'est théoriquement pour sauver les autres.

Moralité : les conséquentialistes qui ont inventé cette histoire débile ne sont pas du genre à sauver cinq personnes. Ils sont du genre à pousser quelqu'un sur la voie quand le tramway arrive. S'ils n'étaient pas de ce genre, ils auraient des passe-temps plus constructifs.

12 commentaires:

Sadamiel a dit…

Bonjour,

Bon, vous avez vu After The Dark (2013), mais vous ne rendez pas correctement compte de l'expérience de pensée décrite au début de ce film. Vous omettez en effet un élément capital de la situation qui est que la seule façon de sauver les cinq personnes consiste à pousser le gros bonhomme sur les rails, le temps manquant pour faire autre chose. Le dilemme se résume donc comme suit : tuer un innocent et en sauver cinq ou épargner un innocent et en condamner cinq. Car l'action comme l'inaction ont des conséquences et c'est bien à partir de ces dernières que le choix éthique se fait. En clair : vous pouvez toujours vous draper de vertu, quoique vous choisissiez, vous devrez en assumer les conséquences. Je rajouterais que si cette histoire est effectivement inventée, par définition d'une expérience de pensée, elle n'a rien d'improbable, la réalité nous confrontant à des dilemmes autrement plus délicats. Un exemple tout bête, auquel se collettent de nombreux médecins à travers le monde, est celui d'un accouchement qui se passe mal, au point qu'il faille choisir entre sauver la mère ou sauver l'enfant. Autre exemple : un accident de voiture, ou un naufrage. Les secours arrivent, mais la situation est telle qu'ils ne peuvent pas sauver tout le monde. De telles choses arrivent bel et bien et la philosophie propose simplement d'y réfléchir.

Cordialement.

Adeline Bonnin a dit…

Bonjour Sadamiel,

non, je n'ai pas vu "After the dark", j'ai lu un livre d'un philosophe conséquentialiste et je rends correctement compte de "l'expérience de pensée" décrite dans ce livre. Il y a mille et une variantes de cette histoire, c'est une autre variante dans le film, sans doute.

est-ce que vous croyez vraiment que vous, dans la situation, et si vous n'aviez pas été confronté à cette historiette avant, vous penseriez à pousser l'homme sur les rails pour sauver les autres ?

Est-ce que vous croyez que ça vous viendrait à l'esprit, si vous étiez dans la situation ?

Le rapprochement avec des situations bien réelles comme un accident de voiture ou un naufrage est injustifié (quoique les philosophes conséquentialistes cherchent à effacer la différence) car dans un cas, nous avons des choix difficiles et incontournables (qui sauver en priorité ?) tandis que dans l'autre cas, nous avons un meurtre.

Ces philosophes (ce ne sont pas tous les philosophes qui déraisonnent comme ça, heureusement) font totalement l'impasse sur la notion pourtant essentielle de responsabilité individuelle.

Un sauveteur qui sauve en priorité telle ou telle personne a, au final, sauver une ou des vies. Il regrettera peut-être amèrement son choix mais il aura fait du mieux qu'il a pu compte tenu des circonstances. Personne ne le peut le blâmer. Même s'il n'a réussi à sauver qu'une personne sur six, il a fait une bonne action.

Celui qui pousse un homme sous un tramway a commis délibérément un meurtre, et s'il y avait un procès j'espère qu'il ne serait pas acquitté.

Au fond, les conséquentialites cherchent simplement à justifier l'idée banale et toxique selon laquelle "la fin justifie les moyens".

C'est avec cette "philosophie" que les communistes ont massacré pour des lendemains qui chantent.

Dans le même livre, le philosophe soutient l'idée qu'on a le droit de torturer un enfant pour en sauver mille.

Est-ce que, hors des fantasmes des conséquentialistes, dans le monde réel, torturer un enfant permet d'en sauver mille ?

Je ne pense pas.

Le fait même d'imaginer ce genre d'hypothèse révèle un désir subconscient d'associer le mal au bien et, plus précisément, de faire passer le mal pour le bien.

Dans le cas du médecin, la plupart n'ont aucun état d'âme quand il s'agit de choisir entre la mère et l'enfant : ils donnent priorité à la mère, ce qui me paraît d'ailleurs complètement naturel. Je pense d'ailleurs qu'ils auraient des problèmes avec la justice de leurs pays s'ils sacrifiaient la mère à l'enfant. Vous, est-ce que vous choisiriez un médecin qui serait prêt à vous laisser mourir pour sauver votre bébé, alors même que vous n'êtes pas prête à mourir de cette manière et que vous lui avez dit ?

Adeline Bonnin a dit…

En effet, vous avez raison, j'ai omis de dire que c'est théoriquement la seule manière de sauver les cinq hommes. Mais ce "fait" ne change rien au grand écart psychologique qu'il faudrait pour passer de l'idée de "il faut sauver ces cinq hommes !" à "je vais assassiner ce type en le poussant sur les rails".

Même si, d'un point de vue purement logique, il y a un lien entre les deux propositions (le poids de l'homme qui devrait arrêter le tramway), humainement il n'y a pas de lien entre ces deux idées. Je répète : quand on pense à sauver des vies, on n'est pas dans l'état d'esprit de pousser quelqu'un sur des rails pour qu'il se fasse percuter par un tramway.

Et j'ai deux petites remarques à ajouter : POURQUOI est-ce que les conséquentialistes ne se demandent jamais ce qu'ils feraient s'ils étaient eux-même le gros homme sur la rambarde ? pourquoi est-ce qu'ils ne se demandent pas s'ils devraient sauter eux-mêmes pour sauver les cinq hommes ?

Après tout, s'ils sont si motivés pour sauver des vies, c'est un dilemme aussi...

Faut-il mourir pour sauver cinq hommes, ou les laisser mourir et survivre ?

Puisque la plupart des gens (y compris les philosophes conséquentialistes) préfèrent continuer à vivre que sauver la vie de cinq hommes, au nom de quoi est-ce qu'ils se donnent le droit d'assassiner quelqu'un pour en sauver cinq ?

Une vie vaut moins que cinq vies, on peut tuer un innocent pour en sauver d'autre, mais c'est à condition que cette vie ne soit pas la leur, que cet innocent, ce ne soit pas eux, c'est ça ?

Deux poids, deux mesures...

Adeline Bonnin a dit…

Je m'énerve peut-être un peu, mais je vous remercie d'avoir donné votre avis. D'autant que vous n'êtes certainement pas la seule à penser ainsi.

Sadamiel a dit…

Merci pour votre longue réponse argumentée. Plusieurs remarques :

- Une expérience de pensée a pour objectif de mettre en évidence une problématique particulière. S'agissant du dilemme du tramway, il convient d'abord de rappeler qu'il consiste en deux situations distinctes. Dans une première situation, un tramway arrive et menace de tuer une personne ou cinq personnes, selon la voie sur laquelle il est aiguillé. Dans cette première situation, la plupart des gens choisissent sans difficulté d'aiguiller le tramway vers la personne seule, pour sauver les cinq autres. Dans la seconde situation, un tramway arrive et menace également de tuer cinq personnes attachées aux rails, tandis qu'un homme obèse et d'un poids suffisant pour faire dérailler le tramway, se trouve sur un pont surplombant la voie. Dans cette seconde situation, la plupart des gens répugnent à pousser l'homme obèse. La question étant : pourquoi ? Dans l'un et l'autre cas, il y a bien le meurtre d'un innocent et la sauvegarde consécutive de cinq autres. Vous me demandez ce que je ferais si je me trouvais dans une telle situation. Très honnêtement, je n'en sais rien, mais je m'astreins quotidiennement à ne pas enfermer mon esprit dans une routine ou une autre pour résoudre les problèmes. En outre et pour faire écho à une précédente discussion que nous avons eue, je ne crois pas, contrairement à vous, en une objectivité morale : j'estime au contraire que ce que nous appelons 'bien' ou 'mal' renvoie à nos désirs et préférences et dépend largement du contexte dans lequel nous évoluons. Pour moi, la vie humaine n'a rien de sacré et le droit de vivre n'a par conséquent rien d'inaliénable. Et derrière les beaux discours moralisateurs, c'est d'ailleurs bien à partir de ce postulat que notre espèce agit : il suffit d'en juger par les innombrables conflits qui éclaboussent de sang notre planète depuis des millénaires – toujours pour d'excellentes raisons évidemment. On peut le déplorer, mais c'est ça, le "monde réel".

- Sur l'idée que "la fin justifie les moyens", je dirais que ça me semble toujours être le cas. C'est ce que montrent les sciences du comportement : l'être humain n'est pas cet "animal raisonnable" que d'aucuns nous dépeignent, mais bien plus modestement un animal capable de raison, certes, mais qui agit néanmoins toujours sur fond pulsionnel, i.e. à partir de désirs qui n'ont, eux, rien de rationnel : séduire, dominer, détruire, etc. Je rajouterais sur ce point que pour moi l'homme n'est pas libre, en tout cas pas au sens du 'libre arbitre' dont les religieux nous rebattent les oreilles. Sauf qu'accepter l'inexistence du libre arbitre fait s'effondrer tous les jugements de valeur dont la majorité de mes congénères paraissent si friands : juger son prochain est un plaisir dont bien peu sont prêts à se passer.

- Enfin, sur l'aspect irréaliste des dilemmes éthiques imaginés par les philosophes, je vous rétorquerais que la réalité dépasse bien souvent la fiction. Torturer un enfant ne permet pas d'en sauver mille ? Allez donc vous balader en Amérique du Sud, ou en Afrique et vous découvrirez des enfants-soldats, parfois plus cruels que leurs aînés et dont la torture peut tout à fait aider à obtenir des informations permettant en aval de sauver de nombreuses vies.

Bien à vous.

PS : je suis un homme ;-)

Adeline Bonnin a dit…

Bonjour Sadamiel,

si vous n'aimez pas que les "religieux" vous rabattent les oreilles avec des principes moraux, je me demande un peu ce que vous faites sur ce blog... c'est du masochisme, vous cherchez à me convaincre de votre point de vue (c'est perdu d'avance), ou vous avez des doutes sur votre point de vue ? Ou est-ce qu'il y a une quatrième explication que je ne vois pas et qui est la bonne ?

Sadamiel a dit…

Bonjour Lucia,

Il y a une explication que vous n'envisagez pas : celle de la recherche du dialogue, où il ne s'agit pas de vouloir convaincre l'autre, mais d'échanger des points de vue dans une visée de compréhension mutuelle. Ce qui n'empêche pas l'émulation intellectuelle.

Quant aux principes moraux, ma petite pique à l'encontre des religieux se voulait philosophique : avant de parler de principes moraux, il faut d'abord démontrer que l'homme est libre de s'y conformer. Or à l'examen, l'homme n'est pas libre du tout et agit selon deux principes non pas moraux, mais psychologiques : la crainte et l'intérêt (Hobbes). Et les religieux de tous bords l'ont parfaitement compris puisque leurs dieux sont toujours des êtres auxquels l'homme doit soit obéir sous peine d'être puni (crainte), soit plaire afin d'être récompensé (intérêt)...

Votre article se révèle à ce titre particulièrement éclairant : c'est en effet moins en vertu d'un argument rationnel que vous rejetez la position des conséquentialistes qu'à partir d'un sophisme qui, pour être subtil, n'en est pas moins efficace : penser comme les conséquentialistes confinerait à la "perversité". En clair, si l'on n'est pas d'accord avec vous, on appartient peu ou prou au camp du 'mal' (terme éternellement indéfini, au passage). Ca me paraît un peu court. ;-)

Bien à vous.

Adeline Bonnin a dit…

Vous dites que l'homme n'est pas libre du tout. Est-ce que vous n'hésitez pas entre deux portables, pour choisir celui qui est le meilleur ? si oui, alors vous avez l'expérience directe de votre liberté. Il n'y a pas de choix sans liberté.

Adeline Bonnin a dit…

Ceci dit, vous avez raison qu'avant de parler de principes moraux, il faut effectivement admettre que l'homme est libre, mais c'est une évidence tellement criante que j'ai toujours beaucoup de mal à croire que certaines personnes peuvent, de bonne foi, croire qu'elles ne sont pas libres alors qu'elles ont, tous les jours, d'innombrables preuves qu'elles le sont. Le choix d'un tee-shirt, le choix d'un restaurant, le choix d'un métier, le choix d'un conjoint, le choix de sourire ou de faire la gueule, le choix de dire une méchanceté ou de se taire, le choix de donner de l'argent à SDF ou non,.... on a d'innombrables choix tous les jours, tous les ans, toute la vie.

Adeline Bonnin a dit…

Pour ce qui est du mal, ce n'est pas un mot qu'on puisse définir, il est beaucoup trop fondamental et basique, et ses définitions sont moins claires et plus restrictives que le mot lui-même, par contre on peut donner des exemples de ce qui est mal : le meurtre (de personne innocente), la torture (de personne innocente), le viol, le vol, l'inceste, le cannibalisme.

Peter Singer, conséquentialiste, trouve que ce serait une bonne idée de manger les bébés dont leurs mères ne veulent pas (je dis bien bébé, pas foetus), un autre conséquentialiste dont j'ai oublié le nom trouve que l'inceste, c'est très bien, que pour sauver des enfants on doit avoir le droit de torturer un enfant, etc.

C'est pour ça que je dis que les conséquentialistes sont du côté du mal : ils cherchent promouvoir ou du moins à justifier le mal. (Pas selon ma définition, puisque je n'ai pas de définition à proposer - selon mes exemples, qui sont assez consensuels.)

Adeline Bonnin a dit…

J'ai mis un article sur "Marre de la vie" qui aborde ce sujet de la liberté sous un autre angle, peut-être qu'il vous intéressera.

Sadamiel a dit…

- Lorsque j'hésite entre deux portables, je fais au contraire l'expérience directe de mon absence de liberté, assistant à un conflit de représentations dans mon esprit, jusqu'à ce que l'une ou l'autre triomphe, d'où d'ailleurs le soulagement éprouvé après le passage à l'acte d'achat. Ce principe est largement utilisé pour manipuler les consommateurs (dissonance cognitive).

- Tous les exemples que vous prenez peuvent être expliqués dans un cadre déterministe : vous "choisissez" un tee-shirt parce qu'il est à la mode, parce que votre copine a le même ou parce qu'il est soldé ; vous "choisissez" votre conjoint parce qu'il vous attire sexuellement, parce qu'il a un statut social ou parce qu'il partage vos valeurs. Vous "choisissez" de sourire plutôt que de faire la gueule parce que vous avez été éduquée comme ça, par crainte d'entretenir votre mauvaise humeur ou parce que vous avez remarqué que sourire aux gens entraîne chez eux des comportements plus agréables à votre égard. Bref, votre "choix" n'est pas du tout libre, mais au contraire déterminé par un faisceau de facteurs sur lesquels vous n'exercez aucun contrôle et dont vous n'avez le plus souvent même pas conscience.

- Le 'mal' renvoie à quelque chose de si "fondamental et basique" que vous vous révélez incapable de le définir. Quant aux exemples que vous citez, outre qu'ils n'ont pas grand sens hors contexte (d'où l'intérêt des expériences de pensée), ils sont tellement "consensuels" que tout un tas de gens, dont les philosophes que vous épinglez ici, ne partagent pas votre avis... Au passage, j'aimerais beaucoup que vous me donniez la référence exacte dans laquelle Peter Singer plaiderait pour le fait de manger les bébés dont les mères ne veulent pas : soit vous êtes mal informée, soit vous déformez sciemment la position de ce philosophe, qui mérite mieux, en termes de niveau de débat, que des rumeurs fantasmatiques.